Entre solidarité et créativité, comment les interactions de voisinage contribuent à créer des communautés habitantes.

Premier avril, journée du rire, nous partageons des anecdotes ensoleillées, qui font du bien en cette période maussade, et qui nous donnent envie de continuer à impulser des dynamiques habitantes, citoyennes à travers nos démarches de maîtrise d’usage.»

Si l’heure est à la densification, il nous faut – plus que jamais – éviter l’isolement des populations et favoriser les liens entre usagers d’un même bâtiment, d’un même quartier. Aménageons et co-construisons des quartiers appropriables, impulsons les communautés habitantes, acculturons à l’environnement proche ! Parce que la solidarité, l’altruisme, l’art, les rires nous aideront à adoucir cette crise et toutes celles à venir… 

Cette période de confinement permet aux plus privilégiés de s’isoler dans des coins paisibles et bucoliques, profitant d’espaces extérieurs et de vues champêtres. Mais sur le bitume (et les pavés des villages, bien-sûr !), la communauté habitante, confinée entre des murs plus ou moins espacés, s’anime, s’organise, invente, festoie ! La créativité, une liberté sous contrainte ? Ce confinement imposé s’en trouve être une parfaite illustration. 

Des esprits créatifs rapidement déconfinés en Italie, avec des concerts à cent mains, aux coins des milles balcons de la ville. C’est avec émotion et espoir qu’on partage ces vidéos : le confinement ne sera pas toujours morne, la créativité et les rires partagés l’adouciront. 

L’Italie et les régions méridionales sont habituées à cette vie de voisinage foisonnant, elles n’ont pas attendu l’inédit de la situation actuelle pour partager des discussions de paliers, des odeurs de linge propre et d’épices, des volumes de télévision un peu forts et de jolies chansonnettes. Ces mondes dépeints avec poésie dans les livres d’Elena Ferrante et Sivia Avallone, du Naples populaire aux cités de Toscane. 

Mais cet élan italien a traversé les frontières, et les voisins français se sont rapidement inspirés de ces jolies habitudes culturelles. Des rendez-vous se fixent à distance, des habitudes se créent petit à petit, des contacts se nouent. Les exemples sont multiples, les idées fusent ! 

Tous les soirs à 19h00, Morgane et Erwan écoutent leur voisine jouer un morceau de violon offert à tous ses voisins. A 19h45, Riad et Marie sortent sur le pas de leur porte pour discuter à distance avec leurs voisins, avant d’applaudir les soignants. Jeanne, au chômage technique, a accroché une liste dans le hall de son immeuble proposant d’aller faire les courses des personnes fragiles. Lucas a reçu un petit mot à sa porte de palier, écrit par son voisin du dessus, « pour savoir si tout allait bien »… Les cours d’immeuble et impasses s’animent également : des cours de sports collectifs – tout en distanciation sociale – s’organisent, et les enfants, à tour de rôle, dessinent des marelles à la craie. 

Entre solidarité et créativité, les interactions de voisinage sont des paillettes, des éclats de joie, dans cette réalité triste et sombre. 

Et plus encore quand on observe une communauté habitante déjà très soudée, organisée, initiée. Puisque les personnes fragiles, les familles nombreuses, les situations des uns et des autres sont connues, il est plus facile d’être aux petits soins, de prendre des nouvelles quotidiennement, d’envoyer des petits signes à travers les carreaux, de partager des recettes, des blagues, des jeux pour enfants… La discussion WhatsApp de la communauté d’Îlink, sur l’île de Nantes, raisonne ainsi entre les murs de la copropriété, plus soudée que jamais, en attendant de pouvoir à nouveau jardiner, trinquer, danser avec légèreté. 

Cette crise dévoile beaucoup de choses de notre société, et parmi elles, l’importance d’être bien chez soi, d’avoir quelques fenêtres, la place suffisante pour ne pas exploser, une insonorisation correcte… et un cadre de vie agréable, qui donne envie de rêver à la fenêtre. On pointe du doigt des pratiques contraires à « l’effort national » dans certains quartiers, mais il nous faudrait surtout questionner l’habitabilité des logements de ces lieux-là. Si ces sujets sont politiques, et nécessitent des lois et des réformes urbaines, ils démontrent aussi l’importance d’intégrer les usagers dans la conception des bâtiments : élaborer des diagnostics d’usage, comprendre les envies, les besoins des ménages, permettre et valoriser l’auto-construction… 

Gardons aussi en tête que les démarches visant à mobiliser une communauté habitante sont souhaitables et permettent d’intensifier l’entre-aide et les interactions entre voisins. Chaque programme immobilier peut favoriser ces liens, grâce à des solutions d’aménagement : penser des circulations créatrices de points de rencontres, favoriser l’intergénérationnel sur les paliers, concevoir des espaces communs extérieurs et intérieurs qualitatifs et animés. 

Et ouvrons les bâtiments sur leur quartier ! Rendons poreux espaces privés et espaces publics, afin que chacun se sente appartenir à un lieu et solidaire de tout un écosystème mêlant habitants, commerçants, associations, usagers. 

En attendant de ré-ouvrir grand nos portes, chez SCOPIC, nous préparons notre prochaine promenade urbaine et nos prochains apéros des voisins, avec l’intime conviction que la solution se trouve dans les formes locales de résilience et de solidarité. 

  


Cet article a été rédigé par  Léna Saffon Consultante concertation, urbaniste chez SCOPIC.  

SCOPIC est une agence conseil en communication et concertation