L’urgence écologique n’est plus à prouver, elle est bien réelle et plus que jamais brûlante, à l’image des journées caniculaires – conséquence du changement climatique – auxquelles nous avons dû faire face cet été. Ce thermomètre qui grimpe continuellement et la biodiversité qui s’effondre appellent aujourd’hui à une bifurcation urgente, concrète et cohérente vers de nouveaux modèles de société. Dans ce contexte, il est nécessaire d’embarquer tout le monde : élu.e.s, agent.e.s, organisations, entreprises et citoyen.ne.s. pour mettre en action la transition.
SCOPIC, en tant qu’agence conseil en concertation partage ici ses réflexions et mutations en cours.
Co-construire les projets de territoire : réenchanter la démocratie et dessiner un futur écologiquement viable et juste
Ces derniers temps, l’opposition entre l’enjeu démocratique et l’urgence écologique a été vivement débattue, faisant aussi bien écho aux crises générées par des décisions politiques décorrélées du terrain (le cas des gilets jaunes) qu’aux vives contestations citoyennes face à de nouveaux projets territoriaux pointés comme destructeurs du vivant. Chez SCOPIC, nous ne croyons pas à cette opposition. Occulter le défi démocratique de l’enjeu écologique, dans un moment si crucial, c’est fermer les yeux sur la nécessité du regard citoyen et habitant sur la mise en œuvre de nos transitions mais aussi manquer un temps essentiel de débat public à toutes les échelles pour dessiner collectivement la trajectoire vers laquelle bifurquer. Au-delà, c’est prendre le risque de renforcer la crise de légitimité que traverse l’action publique, mais également de créer un fossé entre les objectifs environnementaux, notamment climatiques, annoncés et les projets dessinés dans les territoires.
Nous défendons plutôt l’idée que ces deux défis se nourrissent mutuellement pour produire un chemin réellement vertueux. Au-delà de la nécessité du débat démocratique dans notre société, nous sommes convaincu.e.s que c’est par la participation des citoyen·ne·s, en tant qu’habitant·e·s et usager·ère·s du quotidien, qu’un projet de territoire, de quartier ou de logement peut prendre sa forme la plus pertinente, en collant plus finement aux attentes et besoins tout en répondant aux impératifs écologiques d’atténuation et d’adaptation.
Bien que les espaces de dialogue soient également perçus comme des espaces d’accompagnement au changement, d’acceptation de mesures écologiques nouvelles et de prises de conscience, nous considérons essentiel de dépasser cette approche descendante et de penser ces espaces comme une opportunité d’accueillir les frictions, les dialoguer et de co-construire les conditions de réussite du projet. Une fabrique juste et durable du territoire dans la durée est d’abord un chemin co-construit avec ceux qui le vivent au quotidien. Sans les citoyen·ne·s, les habitant·e·s, les usager·ère·s, nous ne pourrons pas emprunter une trajectoire qui soit à la fois ambitieuse et souhaitée.
Ces bouleversements viennent ainsi réinterroger les espaces et les formes de dialogue citoyen, leur donnant par la même occasion une raison supplémentaire d’exister.
De la politique publique… à sa mise en œuvre : renforcer le dialogue pour une bifurcation à toutes les échelles et sur tous les pans du quotidien.
Cette lecture nous demande aujourd’hui de pousser plus loin l’imbrication de l’enjeu écologique dans le renforcement démocratique. Au croisement des élu.e.s, agent.e.s, citoyen.ne.s mais aussi aménageurs, promoteurs ou bailleurs, notre métier nous place à un endroit où il est aujourd’hui légitime de repenser notre approche et de se demander : ne devons-nous pas placer les transitions écologiques et sociale sou bien encore la résilience comme cadre de tout objet dialogué ?
La mobilisation autour de gestes individuels ne peut suffire, notre responsabilité réside dans la construction collective d’une nouvelle trajectoire de société. Chaque projet de territoire est ainsi une opportunité d’accélérer concrètement ce changement structurel. Que ce soit dans la co-construction de feuilles de route stratégiques, dans l’aménagement d’un espace public ou d’une infrastructure, nous pensons essentiel de mettre au dialogue les conditions de réussite d’une redirection écologique et sociale dans nos territoires.
Vers un accompagnement plus outillé pour aborder ces défis
Que cela soit dans la construction et le déploiement de démarches concertées ou bien la maîtrise d’usage à l’échelle d’un lieu de vie, SCOPIC met son énergie à outiller citoyen·ne·s mais aussi collectivités pour mieux intégrer l’urgence écologique et sociale dans les projets dialogués.
Cet accompagnement s’applique aussi bien :
- pour aider les élu.e.s et agent.e.s à définir les grands caps collectifs ;
- pour outiller la gouvernance des collectivités en leur offrant un nouveau terreau de réflexion, en leur proposant un pas de côté qui ouvre les perspectives écologiques et accompagne l’évolution de l’action publique en transition ;
- pour mettre en dialogue avec les citoyens de nouveaux récits de territoire, des politiques publiques en cohérence avec la bifurcation attendue, accueillir les paradoxes et frictions ;
- pour imaginer avec les usager.ère.s les conditions concrètes de mise en œuvre de ces politiques publiques à l’échelle des lieux de vie.
Chez SCOPIC, afin d’accélérer cette bifurcation, nous apportons de manière volontaire des nouveaux outils de dialogue à 3 niveaux :
1 – Acculturer sur les enjeux climatiques pour amplifier la prise de conscience collective.
Il s’agit, à chaque début de démarche, de donner à comprendre les fameux “degrés supplémentaires” et leurs impacts sur le territoire concerné. L’objectif est de garantir une conscience collective et concrète de ce qui se joue sur le territoire à court, moyen et long terme, comme terreau fertile au reste du dialogue.
Si tout.e praticien.e mène ce travail d’acculturation dans ses démarches participatives – sans quoi le débat d’idée n’est pas possible – notre parti-pris chez SCOPIC est de systématiser l’apport de l’enjeu écologique sans que le commanditaire n’en ait forcément formulé la demande, et ce sur tout type de politique publique, de la création d’une nouvelle déchèterie à la politique sportive d’une commune. Car, si le changement climatique n’est plus contesté, il n’en reste que ses conséquences concrètes ou les solutions pour faire advenir d’autres possibles sont encore peu palpables à l’échelle citoyenne, mais aussi politique. Toutefois, cette pédagogie doit se faire au service d’un dialogue sur l’opportunité et/ou des conditions de réussite d’un projet, lorsque son intention est souhaitable au regard des limites planétaires. À défaut, la démarche risquerait de se borner à de l’acceptabilité écologique, qui ne travaille pas les vraies frictions que la transition peut générer à l’échelle des lieux de vie.
C’est ainsi outiller les participant.e..s et créer un socle commun de compréhension, condition essentielle à un dialogue sérieux. Notre force ? Apporter avec créativité une matière sourcée et localisée sur le territoire du projet.
Utiliser le quizz comme outil d’information ludique autour des enjeux et chiffres clés liés à l’urgence climatique ©SCOPIC
2 – Projeter à horizon 2050 pour dépasser l’effet court-termisme, notamment induit par les échéances électorales
Après la prise de conscience, et une plus grande compréhension des défis d’atténuation et d’adaptation en cours et à venir sur le territoire, nous organisons chez SCOPIC, le temps de la projection. Comment imaginer continuer aujourd’hui à penser les politiques publiques ou les aménagements de demain sans les confronter aux objectifs et impacts climatiques connus ? Comment penser des projets à 4-5 ans sans les projeter dans le territoire profondément différent qu’il sera dans 30 ans ?
Il y a ainsi nécessité à trouver les moyens de confronter les besoins et désirs aux réalités des défis écologiques et sociaux. Et cela tombe bien : nous disposons de données pour alimenter cette projection !
Le dialogue “projeté en 2050” peut être de deux niveaux :
- Dans un dialogue visant à échanger sur les trajectoires à adopter. À ce titre, les scénarios de l’ADEME sont un outil puissant de débat et peuvent alimenter la co-construction de feuilles de route structurantes pour le territoire.
- Dans un dialogue visant à discuter des conditions de mise en œuvre concrètes des politiques publiques et feuilles de route définies. Par exemple, discuter des conditions de réussite de la suppression de stationnement public au profit d’une voie cyclable.
Ainsi, il s’agit de projeter les citoyen.ne.s dans de nouveaux récits locaux pour leur donner à voir ce à quoi une transition locale peut ressembler dès demain, concrètement, dans chaque pan de leur quotidien, leur offrir un espace où se demander : à quoi nos rêves mais aussi nos craintes pourraient ressembler si on poussait le curseur du changement ? En proposant ces projections, nous prenons ainsi le temps de décortiquer les frictions suscitées par le projet, les risques et limites du projet, tout en offrant les esquisses d’un nouvel imaginaire partagé.
Projection des habitant.e.s en 2050 grâce à la fiction, à partir d’aménagements existants ©SCOPIC
Mettre en pratique les transitions, accompagner des usages durables à l’échelle du lieu de vie : le cas concret de la rénovation énergétique
Dans le contexte d’évolutions des lieux de vie, l’accompagnement des usages recouvre un volet essentiel pour contribuer à remplir concrètement les objectifs de réduction des émissions.
Cela est notamment le cas dans les travaux de rénovation énergétique, qui portent une dimension écologique et économique, mais également sociale et usagère. Au-delà de l’enjeu à lutter contre la précarité énergétique qui touche 6 millions de ménages français, on peut observer un écart de 30% entre les ambitions de réduction d’énergie et les économies réelles la première année, dont 15% sont directement imputés aux usages. Ce constat appelle à une meilleure prise en compte de l’usager.ère, de ses pratiques, et de son accompagnement au changement.
Accompagner la maîtrise d’usage sur ce type de projet, ce n’est pas seulement (ré)orienter les usages pour une plus grande performance : c’est donner l’occasion, via un projet de requalification, de se réapproprier son lieu de vie et les espaces de rencontres qui le composent. Chez SCOPIC, on allie ainsi systématiquement accompagnement à la maîtrise des énergies et amélioration du cadre de vie avec pour objectif de (re)créer du vivre ensemble, parfois mis à mal notamment par la crise du COVID.
Enfin, accompagner de nouveaux usages ouvre des voies de résilience pour les communautés, notamment les plus vulnérables au changement.
Mise en image d’un guide d’usage à destination des locataires sociaux suite à la rénovation de leur bâtiment. ©SCOPIC
Cet article a été rédigé par Morgane Ollier, consultante transition écologique et concertation et Charlotte Zuckmeyer, directrice-conseil concertation. Il synthétise les réflexions et actions du pôle Concertation & Projets de territoire.
SCOPIC est une agence conseil en communication et concertation.
